Des déplacés-es violemment expulsés de la place Ste Anne sans avoir reçu les allocations promises par les autorités pour leur relocalisation
Des dizaines de familles déplacées violemment expulsées de la Place Ste Anne, le 12 janvier 2013, date marquant le troisième anniversaire du séisme, n’ont rien reçu comme allocation avant leur expulsion, selon des témoignages recueillis par le GARR.
Plusieurs rendez-vous proposés par la mairie de Port-au-Prince pour leur remettre l’allocation de 20,000 gourdes promises, sont restés vains , ont confié des victimes.
Le prochain rendez-vous avec les autorités municipales est fixé au 22 janvier 2013, soit 10 jours après l’expulsion de ces familles sinistrées, à la Place Sainte Anne, a appris le GARR.
Le 16 janvier écoulé, des déplacés mécontents, brandissant des coupons, avaient décidé d’occuper l’entrée principale de la Direction de la protection Civile de Turgeau, entité en charge du suivi du dossier pour la Mairie.
A cette occasion, Ils ont/elles dénoncé le comportement des responsables de la mairie de Port-au-Prince et de la protection Civile qui auraient favorisé d’autres personnes n’ayant jamais été sur le site.
<< Après qu’ils sont venus nous expulser de la place St Anne comme des animaux, ils n’ont même pas honte de falsifier la liste au profit de leurs proches. Voilà ce qui nous empêche de recevoir notre argent bien que nous ayons le coupon distribué avant le déguerpissement. >>, ont-déclaré d’un air frustré, Marie Ange et Henry.
La responsable du comité du site, Carnise, qui était venue apporter son soutien aux sinistrés-es non encore dédommagés, a indiqué que des membres de la Protection Civile de la mairie avaient distribué 364 coupons, le 7 janvier 2013 tandis qu’il y avait 600 familles sinistrées sur le site. Le lendemain, l’Administration municipale commençait à appeler quelques-uns d’entre eux pour leur octroyer l’allocation destinée aux frais de loyer d’un logement.
<<La Mairie ne nous a même pas donné une marge de manœuvre pour chercher une maison, elle a envoyé ses agents conjointement avec la Protection civile et la Police nous expulser comme des chiens. J’avais constaté la blessure de quatre personnes dont un bébé et un enfant de 5 ans heurtées par une planche au moment où des agents détruisaient leur tente avec rage. D’autres ont essuyé des coups de pierre et des occupants du site indiquent avoir perdu argent et téléphones portables.>> , a-t-elle indiqué le 16 janvier écoulé.
Le même jour, deux membres du Collectif haïtien des Organisations pour la Défense du Droit au Logement tentaient vainement de rencontrer sur le dossier, l’édile de Port-au-Prince. Quant aux responsables de la Protection Civile basée à Turgeau ils se sont refusés à tout commentaire.
Des déplacés ont confié au GARR que, suite à cette expulsion forcée opérée à leur encontre sans le versement de l’allocation à laquelle s’étaient engagées les autorités, des familles n’ayant nulle part ou aller, continuaient pendant plusieurs jours de dormir sur la Place Sainte Anne.
Interrogé sur les opérations d’expulsions des sinistrés de la place St Anne, le 17 janvier 2013, par l’un des membres de la Section de Communication & Plaidoyer du GARR, le Directeur de la Division de Relocalisation et Réhabilitation de quartiers, Clément Bélizaire, a fait remarquer au cours d’une cérémonie visant à présenter les réalisations et perspectives du programme 16 quartiers 6 Camps (16/6) de la Présidence haïtienne que l’Unité qu’il dirige avait procédé au recensement de ces déplacés-es en mai 2012, il y avait alors 270 familles sur le site.
M. Bélizaire s’est interrogé sur l’augmentation de cet effectif et niait toutefois qu’il y eut des violences dans la délocalisation des déplacés-es le 12 janvier dernier.
<<Cela peut arriver que ces sinistrés aient attaqué les agents ayant conduit cette opération et ces derniers pouvaient bien riposter. >>, a-t-il avancé.
Ces sinistrés ont menacé de remonter leurs abris provisoires si l’Administration municipale de Port-au-Prince ne se penche pas sur leur sort.
Soulignons que la Constitution du 29 mars 1987 fait obligation à l’Etat haïtien de doter les citoyens/citoyennes de logements décents.